Homélie du 8ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 25 février 2019Discernement et humilité
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous invitent au discernement et à l’humilité. La première lecture nous parle du tamis qui filtre les déchets. Nous aussi, nous avons un tri à faire dans notre vie. Pensons à tous ces bavardages futiles, ces publicités tapageuses, ces slogans que nous entendons à longueur de journée. Tout cela nous empêche d’y voir clair dans notre vie. Certaines paroles révèlent l’étroitesse d’esprit de celui qui les prononce. La première lecture nous recommande de ne pas faire l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé. Ses propos peuvent révéler le meilleur ou le pire.
Dans l’Évangile de ce jour, le Christ nous invite à faire un pas de plus. Il nous rappelle que nous risquons d’être disqualifiés si nous ne mettons pas notre vie en accord avec l’Évangile. Ceux qui ont la charge de guider les autres doivent impérativement imiter leur Maître ; ils doivent se laisser former par lui. S’ils ne le font pas, ils seront comme des aveugles qui prétendent guider d’autres aveugles. C’est un appel pour nous à nous mettre chaque jour à l’écoute de l’Évangile et à nous en imprégner.
Aujourd’hui, le Christ insiste sur le regard que nous portons sur les autres, en particulier sur nos frères. Nous voyons plus facilement leurs défauts que leurs qualités. Ces défauts, il faut vivre avec, et ce n’est pas drôle. Nous voudrions aider notre frère à se corriger. Mais nous oublions que nous sommes mal placés pour le faire. Car nous aussi, nous avons nos défauts. Nous sommes souvent comme cet homme qui voudrait enlever la paille qui est dans l’œil de son frère. Mais il ne remarque pas qu’il y a une poutre dans le sien. Nous avons trop tendance à juger sévèrement les autres et à être conciliants envers nous-mêmes. Les torts des autres, leurs faux pas, leurs mensonges, nous les voyons facilement.
Mais le Christ nous met en garde. Il se pourrait que nous voyions mal et que notre jugement soit faussé. C’est vrai, il y a des défauts dans celui ou celle que nous jugeons. Mais nous oublions qu’il y en a tout autant en nous-mêmes. Mais ces défauts qui sont en nous, nous ne les voyons pas, nous ne voulons pas les voir, nous n’avons pas le courage de les voir. Nous pensons que ce n’est qu’une paille alors que c’est une belle et grosse poutre.
Cet Évangile nous invite à changer notre regard sur les autres et sur nous-mêmes. Juger les autres, c’est de l’hypocrisie, c’est vouloir se mettre à la place de Dieu. Nous sommes trop mal placés pour le faire. Le jugement appartient à Dieu seul. À notre jugement, il manque la miséricorde.
Pour comprendre cet Évangile, c’est vers le Christ qu’il nous faut regarder. Tout au long de sa vie, il a accueilli les publicains, les pécheurs et les infréquentables de toutes sortes. Il aurait pu leur reprocher leur mauvaise vie et les rejeter. Mais lui-même nous dit qu’il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Et quand l’un d’entre eux revient vers le Père, Jésus nous dit que c’est jour de fête chez les anges de Dieu.
Cet Évangile rejoint notre Église dans ce qu’elle vit actuellement. Tout au long des siècles, elle a connu des crises très graves, des hérésies, des abus, des contre-témoignages de toutes sortes. Mais le Seigneur a toujours mis sur sa route les personnes qu’il fallait pour l’aider à se remettre en accord avec l’Évangile. Dans les moments dramatiques, des grands témoins de la foi ont donné le meilleur d’eux-mêmes. À travers eux, c’est l’appel du Seigneur qui retentissait : “Convertissez-vous et croyez à l’Évangile !” Nous chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes envoyés non pour dénoncer ou accuser mais pour être les témoins et les messagers de l’Évangile auprès de tous ceux et celles qui nous entourent. Le Seigneur nous assure de sa présence. Nous pouvons toujours compter sur lui, même dans les situations les plus désespérées.
Dans sa lettre aux Corinthiens, saint Paul nous parle précisément de la victoire du Christ sur la mort et le péché. Cette victoire est double : Premièrement, par sa mort qui nous sauve, il nous réconcilie avec Dieu : grâce à lui, la mort peut devenir entre nos mains un acte de total abandon à l’amour du Père ; tout l’Évangile nous dit et nous redit que cet amour est bien plus grand que tous nos péchés. Deuxièmement, par sa résurrection, le Christ est le gage de notre propre résurrection. C’est à cette victoire sur la mort et le péché qu’il veut nous associer.
En nous rassemblant pour l’Eucharistie, nous nous tournons vers Celui qui est la Lumière du monde. C’est cette lumière de l’Évangile que nous voulons accueillir en nous. Le Christ veut qu’elle brille aux yeux du monde afin que les hommes rendent gloire à Dieu. Nous lui demandons qu’il soit toujours avec nous et nous toujours avec lui pour cette mission qu’il nous confie.
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Sources : Revue Feu Nouveau – Pape François – Missel des dimanches et fêtes (Bayard) – Paroles pour la route (Jean-Yves Garneau) – Ta Parole est ma joie (Joseph Proux)
merci mille fois pour ce commentaire qui tombe à pic ! tant de personnes accusent l’Eglise et la condamnent sans se remettre en question……